Little Bob - Interview - 2 Juillet 2011
ça va. On a failli se planter sur l'autoroute en faisant une embardée
parce qu'on a éclaté un pneu à l'arrière et le camion, le minibus est
assez gros et lourd. On roulait à 140 km sur la voie rapide,
I'm always livin'on the fast lane, comme disent les Anglais,
c'est comme ça depuis mon deuxième album. Le roadie qui conduisait
à ce moment-là a été bon, il n'a pas paniqué, il a réussi à redresser.
J'ai eu peur à un moment parce qu'il y avait des sacrées embardées et
le camion se mettait de côté, peur qu'on se renverse ou qu'on se prenne
d'autres voitures, ça roulait vite quand même, mais ça a été, on est là !
On est parti tôt ce matin...
Oui.
AM : Vous aviez sorti un album qui s'appelle...
Time to Blast. Voilà, il est temps de tout péter, de tout casser
puisque c'est de pire en pire. C'est ce que je dis toujours et tous mes
morceaux le disent. Dans "The Phone Call" il y a kick them ass,
distribuer des coups de pieds au derrière. L'album date de 2009,
c'est vrai qu'on est un peu en retard pour un nouveau disque,
mais pour l'instant je n'ai pas eu beaucoup de temps, entre le film,
le bouquin, tout ce qui s'est passé et ce qui va encore se passer !
AM : Vous aviez fait un clip qui s'appelle "The Phone Call" tourné à La Féline à Paris en 2009.
Oui, par des amis, l'un travaille à Télérama et l'autre est
cinéaste. Ils sont en train de monter un documentaire depuis deux ans,
deux ans et demi. Ils ont un max d'images parce qu'ils interviewent tous
les gens qui passent par Paris, qui sont censés me connaître, pour leur
demander ce qu'ils pensent de moi et en plus ils sont venus dans
tellement de concerts, ils étaient aux 24 heures du Mans où on a
rencontré les
New York Dolls
et
The Love Me Nots
, tu vois, ils sont
venus partout, ils ont filmé à Paris, ils ont même filmé le concert
avec les cuivres d'Euphonium qui a eu lieu en fin d'année et en début
d'année entre Rouen et Le Havre. Ils ont un peu toutes sortes d'images.
Ils ont trouvé un producteur, c'est-à-dire celui qui trouve l'argent,
les moyens, il faut maintenant qu'ils le montent et qu'ils trouvent une distribution.
Oui, Little Bob Blues Bastards. En fait Blues Bastards, parce qu'on bâtardise le Blues.
J'aime bien le Blues depuis le début, sur mon premier album "High Time"
il y avait You'll be Mine de
Howlin'Wolf
et de
Willie Dixon.
Pour mon groupe de Blues j'ai demandé à Bertrand Couloume, contrebassiste,
s'il voulait en faire partie, évidemment il m'a dit oui.
J'avais l'intention de prendre mon neveu à la batterie qui s'appelle
Jérémie Piazza
qui a 27 ans et est extrêmement bon, il est aussi bon que
Nico Garotin, dans son genre, très rock. J'ai demandé à Gilou (Gilles Mallet),
veux-tu en faire partie aussi ? Sinon je prendrais un guitariste un peu plus,
disons normalement Blues, parce que je vais te demander des choses différentes,
il m'a dit non, non, ça me plaît également d'en faire partie, et ensuite
on a pris Mickey Blow, qui est un guest, pour l'instant. Il y aura des moments
où je prendrai un clavier ou un sax ou les deux, ou par exemple si mon ami
JJ Holiday
- je l'ai eu au téléphone l'autre jour - le jour où il vient
on aura une guitare slide avec nous pour 3-4 dates.
le Groupe est formé de 4 musiciens, plus pour l'instant
Mickey Blow
à l'harmonica.
Oui. Il est sorti en novembre dernier. C'est mon histoire. Je l'ai co-écrit
avec
Christian Eudeline
, journaliste, qui est arrivé avec une proposition
et surtout l'éditeur Denoël. Maintes fois des journalistes me disaient il
faut que l'on écrive un bouquin avec tout ce que tu as fait dans la vie,
c'est sûr mais si je perds beaucoup de temps à parler et qu'il faut galérer
pour trouver un éditeur...lui est arrivé avec l'éditeur donc je lui ai dit
ok on y va, avec interviews, raconter ma vie sur 4-5 jours. Il m'a envoyé le
premier jet que je n'ai pas aimé, je lui ai demandé de recommencer.
Il m'a envoyé un deuxième jet et au fur et à mesure, mes souvenirs revenaient.
Au début on se voyait une fois tous les 15 jours, quand on avait le temps, pour qu'il rajoute tout ce que je lui donnais, au bout d'un moment on a décidé que l'on allait faire aussi
vite si Mimie retranscrivait sur le manuscrit en utilisant internet ce qui fait
que l'on a fini le bouquin tout seuls. La Story est mon histoire depuis mes débuts
avec un cahier photos à l'intérieur. J'ai essayé de n'oublier personne alors
que je n'avais que 4-5 pages de photos. Ce qui fait que j'ai même mis mes parents
(montrant la photo), Libero et Enrica. (Montrant une autre photo) c'est mon premier
groupe Les Apaches avec ma soeur qui dansait avec nous, elle ne chantait pas,
elle dansait, Maura, et puis le premier Little Bob Story qui a compté, avec le
Chinois Guy-Georges, Barbenoire. Et j'ai essayé de n'oublier personne avec des
trucs un peu rigolo, il y a Mont-de-Marsan, il y a Londres, il y a le
Festival de Bilzen
, il y a même Leningrad, Saint-Pétersbourg,
Le Marquee
, le groupe américain,
Mickey Blow l'harmoniciste était déjà là à l'époque de Ringolevio,
il jouait de l'harmonica sur Hush, tu te rappelles ?
AM : Oui.
J'ai sorti ce bouquin et j'ai eu une promo infernale, à laquelle je ne m'attendais pas !
J'ai fait des émissions de radios rock que je ne faisais pas ou peu depuis longtemps,
comme
Le Mouv'
, deux fois... Cela me permettait de relancer l'album Time to Blast
et en même temps, entre deux, il y a eu autre chose, on a fait toute la promo,
cela m'aide pour les concerts parce que les temps deviennent très très durs
pour les musiciens, parce qu'on serre les boulons de partout, à la culture,
les personnes qui me font venir ce soir m'ont dit ce qu'ils avaient comme aide,
c'est une misère ! par la Mairie et par la Région, c'est la honte !
En France j'ai l'impression que notre musique est toujours connotée comme
une musique de rebelles et de va-nu-pieds, mais surtout de voyous,
la France en est toujours là, et je vais t'en raconter une bonne
c'est qu'on doit jouer pour la sortie du film le Havre et que la Mairie du Havre
ne veut pas nous filer une salle et faire le concert parce qu'il y a
les élections qui approchent l'année prochaine, non mais tu te rends compte ?
AM : On croit rêver !
Je suis tombé de haut quand j'ai entendu ça. Soit je vais distribuer les
coups de pieds au derrière comme je dis dans The Phone Call,
soit je vais me débrouiller pour avoir une autre salle parce qu'on
commence à être appelé un peu partout mais là je te devance...
Oui.
Puisque tu étais présent au Festival de Cannes en mai cette année avec
le cinéaste finlandais
Aki Kaurismäki.
Oui, quelqu'un de bien !
AM : Pour son film
Le Havre.
Oui, qu'il est venu tourné au Havre. Son assistant, Gilles Charmant est français,
mais toute son équipe technique est finlandaise, il y avait même une actrice
finlandaise qu'il avait appelée Arletty dans le film, Kati Outinen qui est
une des héroïnes de ses films et qui avait un mal fou à parler français d'ailleurs,
il a fallu qu'il retourne à Helsinki avec André Wilms le comédien qui lui
donnait la réplique, pour refaire tous ses dialogues en phonétique pour
que ça sonne à peu près bien, elle est super gentille. Aki avait son équipe
finlandaise mais il avait aussi l'équipe française.
C'est une production de sa boîte qui s'appelle Sputnik Oy et de
Pyramide France et Pandora Film Allemagne. Il y avait son équipe
française et Gilles Charmant est arrivé au Havre avec un Hollandais
qui vit du côté de Rennes, le monde est très petit, qui est l'ami
d'un couple d'acteurs qu'on peut appeler des saltimbanques parce qu'ils
se déplacent en caravane et ils font des spectacles sous chapiteau
comme des cirques, c'était un cirque en bois le dernier où ils avaient
des têtes d'animaux un peu comme du Ionesco tu vois, ces gens-là que
je connais bien puisqu'au Havre ils étaient venus boire l'apéro chez
moi appellent le Hollandais et lui disent qu'est-ce que tu fais, où vas-tu ?
Je vais au Havre pour un futur film d'
Aki Kaurismäki.
Si tu vas au Havre
il faut aller voir Bob. Bob, Little Bob il cherchait et Gilles Charmant
qui conduisait dit : Little Bob ? J'ai tous les disques, c'était un fan
à l'époque punk, il avait tous les vinyles et il continuait à acheter
les albums, alors ils m'ont appelé et ils m'ont dit Aki cherche un rockeur,
comme on sait que tu es toujours là, est-ce que ça peut le faire ?
Oui pourquoi pas. Il lui a fait tout écouter et Aki Kaurismäki est
venu, il est entré par la porte de mon petit jardin, je l'attendais
sur le perron et il est arrivé vers moi et il m'a dit : Roberto you're
a rebel like me ! Parce que lui aussi c'est un rebelle, il fait exactement
ce qu'il veut. C'est rare dans le cinéma car en général
les maisons de productions imposent des
choses et lui maintenant il produit. Comme moi, je produis mes disques
comme ça plus personne peut lui dire ce qu'il a à faire. Par exemple
au Havre il ne veut pas passer dans les grands cinémas, les Gaumont et
cie il n'en veut pas, il préfère passer dans les petites salles,
passer 3 fois le film qu'une fois dans une grande salle. Il a choisi
le titre Libero qui est la chanson sur mon père datant de l'album
Libero 2001 et a voulu qu'on ré-enregistre le titre pour lui,
après on a joué en live, on a fait des play-backs l'après-midi,
il a filmé et on l'a rejoué live avec du monde, on a fait un autre
concert au Havre au Cabaret Electric qui vient de fermer, parce qu'on
ferme aussi les lieux de concerts maintenant messieurs dames, eh oui,
bon on ne va pas être triste... Aki m'a mis dans le film et m'a dit tu
vas venir à Cannes et on va jouer. Je lui ai dit mais tu n'es pas sûr
d'être sélectionné, mais lui apparemment il était tranquille.
C'est un film incroyablement beau et à Cannes le jury américano-français
a préféré voter pour Terrence Malick qui a fait trois films en 40 ans,
ce n'est pas la faute d'Aki Kaurismäki si il n'en a fait que trois mais
pour eux c'est une légende pour les Ricains, comme De Niro était le Président,
je respecte, De Niro j'adore ce comédien et il y avait aussi Jude Law et Uma Thurman que
j'aime aussi beaucoup, ils ont préféré mettre en avant ce mec qui
pourrait être une légende, mais quand tu vois les deux films, comme
disait Télérama ils ont tiré la Palme d'Or à la courte paille.
André Wilms, le comédien avec Jean-Pierre Darroussin, il aurait largement
mérité lui aussi un prix plutôt que Dujardin qui joue le rôle d'un muet,
qui fait des mimiques pour se faire comprendre. Tout ce qui est arrivé me
donne un bon coup de main car les Allemands qui sont aussi co-producteurs,
sortent le film en septembre et m'ont demandé d'aller jouer,
j'ai des concerts prévus à Berlin, à Brême, à Cologne, normalement il
y a aussi Hambourg, Munich, ce soir je devrais aussi être à Munich pour un
festival du film où il passait le film
Le Havre, ils voulaient qu'on joue
mais ce soir on était prévu ici donc on est là, j'espère que cela va
valoir le coup pour eux, que les gens viennent nombreux parce qu'en
ce moment les concerts ce n'est pas toujours facile partout.
Pour les Blues Bastards j'ai besoin d'une galette, on va enregistrer
un live pour l'instant car je n'ai pas assez de nouveaux morceaux écrits
par moi-même. Dans le répertoire il y a des titres, par exemple sur l'album
Time to Blast comme Devil got my woman de Skip James, ce morceau on le joue
avec les Blues Bastards, ainsi que If you gotta go qui est une belle ballade
rhythm'n'blues un peu dure, ce genre de titres on ne les joue pas avec l'autre
groupe, il y a des tas de morceaux jusqu'à Lost Territories qu'on ne joue pas,
comme Alabama Pedro, ou qu'on ne joue plus comme Mary she's gone, Wild cat Blues
c'est du Blues que l'on bâtardise un peu, on fait Witchdoctor de Mayall et
Clapton à notre manière, on prend des titres de J.B Lenoir, des vieux Blues
Howlin'Wolf que j'adore, on fait une perso de Who's Been Talking qui est
pas mal du tout, elle est déjà sur internet, filmée avec un appareil photo,
j'attends que tu viennes nous filmer, la semaine prochaine,
vous ne serez pas là au Grésiblues ?
AM : Si on sera là.
Vous pouvez filmer un ou deux titres.
AM : Oui bien sûr.
On prendra un peu tout le monde, comme ça...
AM : Exactement.
Comme je n'ai pas eu le temps d'écrire, pour le groupe, on va sortir une compilation,
j'ai beaucoup de mal à récupérer tout ce qui est Little Bob Story,
une compilation de tout ce que j'ai fait sous mon nom Little Bob depuis
89 à maintenant.
Dixiefrog
a
entendu Little Bob Blues Bastards,
il m'a dit c'est quand tu veux, on va t'aider pour faire la compil il
faut que je choisisse tous les titres, c'est du boulot, il voudrait
un double album, cela m'embête car cela veut dire que je vais prendre
plusieurs morceaux sur chaque album, il m'a dit de toute façon Bob les
disques ne se vendent plus, autant en avoir pas mal sur un Best Of.
J'ai commencé à tirer les meilleurs morceaux, il va falloir qu'Universal
me donne ceux de Rendez-vous in angel city et du premier live avec les
musiciens américains, que je récupère Lost Territories chez EMI et après
le reste j'en suis le propriétaire, tout m'appartient, donc je fais ce que
je veux et crois-moi il y a des morceaux qui sont un peu passés à l'as,
des morceaux oubliés, il y aura des morceaux importants et des morceaux
que les gens ne connaisent pas assez.
AM : Merci beaucoup Bob pour ton temps.
C'est moi qui vous remercie, je suis heureux de vous voir, heureux de
pouvoir reparler dans la boîte pour rock-interviews,
j'espère vous revoir très bientôt.
AM : Bien sûr, la semaine prochaine déjà et très bon concert pour ce soir !
Merci.