Nous sommes ravis de t'accueillir sur rock-interviews.com, Deborah.
Je suis enchantée.
AM : Tu es née au Royaume-Uni et, quand tu étais enfant, tu as eu l'occasion de t'intéresser de très près à la musique. Pourquoi ?
Mon frère était membre de
Led Zeppelin.
J'avais six ans quand il a intégré le groupe. J'ai grandi au sein
d'un foyer où l'on écoutait énormément de bonne musique.
Mes parents adoraient les big bands tels que
Tommy Dorsey ou
Glenn Miller,
des groupes dans lesquels jouaient des batteurs comme
Buddy Rich,
Gene Krupa, Ce sont eux qui ont inspiré mon frère.
Puis j'ai évolué vers
Hendrix,
La Motown,
Crosby, Stills & Nash...pour n'en citer que quelques-uns.
Deborah, tu portes un très joli collier.
Oui, ce sont les trois cercles. C'était le symbole de John
lorsque le groupe a sorti l'album Led Zeppelin IV.
Je ne l'ai jamais enlevé. Je le porte depuis des années.
D'ailleurs, il serait grand temps que je le nettoie !
Tu es devenue chanteuse de rock et de blues.
C'est exact.
AM : Que penses-tu du fait d'être une femme dans le monde de la musique ?
Ce n'est pas évident, c'est même très difficile.
On attend de toi que tu travailles ton sex-appeal et
ça n'a jamais été mon truc. Ce n'est pas du tout moi.
Je veux juste chanter les morceaux qui me conviennent.
Je ne porte pas de mini-jupe et je n'aime pas montrer
mon corps, surtout pas maintenant ! Même quand j'étais
plus jeune, je ne l'aurais pas fait. De ce fait, tout est
devenu beaucoup plus compliqué vis-à-vis des maisons de disques,
car nous étions en désaccord sur ce point. Tu dois suivre
ce que te dicte ton cœur, ce qui, selon toi, est la bonne voie.
Comme disait Janis Joplin, tu dois être fidèle à toi-même.
Si tu n'en es pas capable, tu ne convaincras jamais personne,
aucun public. J'ai donc décidé de mener ma barque à ma façon.
Ce fut un parcours très difficile et ça l'est encore plus maintenant,
car le monde de la musique n'est pas tendre avec les femmes qui
avancent en âge, mais je m'éclate et je me sens libérée.
J'ai tout simplement le sentiment de faire ce que j'ai envie
de faire et si les gens apprécient, je suis absolument comblée.
Je peux m'habiller comme je veux. Je porte des vêtements des
années 70, mais c'est ce que j'aime.
Y a-t-il tout de même des avantages ?
Je n'en suis pas persuadée. Le monde du rock et du
blues est très masculin. Il y a quelques années, je suis
partie en tournée aux États-Unis. Les places se vendaient bien,
c'était génial. Une maison de disque m'a dit que les femmes
n'avaient pas leur place dans le milieu du rock. J'ai répondu
que, selon moi, il existait des exemples de femmes assez
étonnantes :
Janis Joplin s'était plutôt bien débrouillée, tout comme
Maggie Bell,
Aretha Franklin,
Dusty Springfield,
Elkie Brooks.
Ce principe selon lequel les femmes et le rock
ne sont pas compatibles m'est complètement égal !
Peux-tu me dire qui est à tes côtés sur cette photo ?
C'est l'amour de ma vie,
Paul Rodgers. C'est LA voix. Nous sommes devenus
très bons amis. Ce fut un plaisir et un honneur de
chanter avec lui. Les rêves sont ainsi faits.
Si Paul pense que je suis à la hauteur pour chanter
avec lui, alors mon rêve s'est réalisé. Que je vende
des disques ou pas n'a aucune importance. J'ai chanté
avec Paul Rodgers et j'en suis très heureuse.
J'ai grandi en l'écoutant. Mon chant reprend d'ailleurs
pas mal de son phrasé. C'est un homme extraordinaire.
Et je serai sur scène avec lui le 3 novembre au
Royal Albert Hall de Londres. C'est extrêmement impressionnant.
Il a tellement de talent. Je suis excitée comme une
puce à l'idée de ce concert.
Tu as sorti un album intitulé Spirit. Pourquoi ce titre ?
Oui. Principalement parce que le morceau-titre me ressemble
vraiment. Il illustre à quel point l'esprit de mon frère
est présent en moi. En réalité, John ne voulait pas que
je me lance dans le milieu du rock. Lorsque j'étais petite
fille, je me souviens lui avoir dit que c'était ce que je
voulais faire. Quand j'y repense, je sais qu'il n'était pas
d'accord avec moi. C'était un monde dur et implacable, surtout
à la fin des années 70. Des tas de filles tournaient autour
des groupes rock comme Led Zeppelin. John a vu un aspect du
milieu qui ne lui semblait pas convenable pour sa petite sœur.
J'ai 14 ans de moins que John. Il pensait que je devais d'abord
aller à l'école et réussir mes examens. Il m'a vraiment encouragée
dans ce sens. Je suis ravie qu'il l'ait fait, car cela m'a permis
d'apprendre le français. Maintenant que j'ai du succès en France,
j'arrive à m'exprimer dans la langue. C'est donc de là que vient
le titre, car j'ai toujours voulu être chanteuse, c'est dans mon
sang, c'est cet esprit. Je traversais également une période
difficile lorsque nous avons enregistré l'album. Ma mère venait
juste de mourir. La spiritualité, l'un des autres thèmes phares,
m'a beaucoup aidée à m'en sortir.
Où a-t-il été enregistré ?
La batterie a été enregistrée là où j'habite.
Marco Giovino, le batteur, a fait le voyage depuis Nashville. Il a joué avec
Robert Plant &
Band of Joy. Peu de temps avant qu'elle nous quitte,
j'ai emmené ma mère voir Robert en concert à Birmingham.
Marco s'était procuré mon précédent album, Duchess. Il m'a dit
qu'il l'appréciait et qu'il était très fan. J'ai trouvé ça
adorable. Par la suite, il m'a envoyé un e-mail pour me
demander si nous pouvions nous rencontrer. Il m'a demandé
si j'envisageais de refaire un album. Je lui ai dit que oui,
que j'avais écrit les textes, mais que je n'avais pas de
batteur. Je croisais les doigts, car je l'avais déjà vu à
l'œuvre. Il était vraiment bon. Le fait qu'il accepte le
job m'a comblée de joie. Il est donc venu des USA, nous
avons enregistré la partie batterie, puis j'ai réalisé la
moitié de l'album ici. Je suis partie à Nashville pour le
mixer et le terminer dans son studio. Cet album est sorti chez
Spectra records.
Je suis très contente de cette maison de disque.
AM : Combien y a-t-il de titres sur Spirit ?
Il y en a 12, et j'en ai rajouté deux en français :
Guide-moi (Take me Down) et M'envoler (Fly).
Qui a traduit ces titres en français pour toi ?
Mon amie
Nathalie.
C'est la belle-sœur de mon agent, Laurent Milliet.
Je lui ai demandé de le faire, car mes traductions étaient
trop littérales. Elle en a fait de véritables poésies en
français. C'était superbe. Elle m'a permis de le faire.
J'aime interpréter ces titres sur scène. Je joue
systématiquement Take Me Down (Guide-moi).
AM : Nathalie est également une très bonne amie personnelle
et une très bonne traductrice. Ces morceaux sont magnifiques
et nous apprécions vraiment ton album.
Merci. J'en suis, moi aussi, très satisfaite. Je suis revenue
à mes racines. Il n'est donc pas très rock. Je souhaitais un
retour aux mandolines et aux guitares acoustiques, un peu dans
le genre country. Mais je voulais aussi conserver un esprit rock
et blues. J'ai donc essayé de marier ces trois styles.
Qu'aimes-tu faire lorsque tu n'es pas en tournée?
Je monte mes chevaux et je viens en aide à d'autres.
Je passe tout mon temps avec eux et avec les deux chiens
que j'ai recueillis. Je me promène avec eux près de chez moi,
au bord de la mer. Je fréquente les pubs, comme tout
bon Anglais qui se respecte.
Ce soir, tu es de nouveau en France pour un concert,
peux-tu nous présenter tes musiciens ?
Oui. Nous avons Peter Bullick à la guitare, Ian 'E' Rowley
à la basse et Gerard 'G' Louis aux claviers. Ils ont tous
trois accompagné Paul Rodgers. Ils ont assuré les trois
derniers concerts de Paul Rodgers au Royaume-Uni. Ils ont
également joué avec Robert à l'occasion d'une fête à laquelle
nous nous sommes rendus. Mon neveu
Jason Bonham assurait la partie batterie.
Ce duo avec Robert fut également un grand moment pour moi.
Un nouveau batteur nous a rejoints cette fois-ci. Il s'agit de
Frank Benbini, des
Fun Lovin'Criminals.
Il officie aussi dans un autre groupe,
Radio Riddler, qui vient de sortir une version
reggae de l'album Purple Rain de Prince. Il m'a
demandé d'y figurer en guest. C'est ainsi que l'on
s'est connu. Il est ravi que l'album soit classé dans
les charts reggae au Royaume-Uni. Je le suis aussi,
car cet album intitulé Purple Reggae est vraiment
fantastique. C'est en Belgique que nous avons donné
notre premier concert avec Frank. Il est grand fan
de mon frère. On retrouve la patte de John dans son
style et c'est vraiment génial.
AM : Merci beaucoup, Deborah, de nous avoir consacré un peu de ton temps.
Merci beaucoup.
AM : Bon concert pour ce soir ! Au plaisir de te retrouver sur scène.
Merci beaucoup.