Nik RAEL, Steve PETRONE - Interview - 21 Juillet 2008
Central Park / New York
Headsoup Site
C'est pour ainsi dire plutôt lui qui nous a choisis. Notre groupe
s'est d'abord appelé "Fish HeadSoup" et comme il y avait pas mal de
groupes qui se nommaient "Fish" ceci ou "Fish" cela, "School of Fish"
on a décidé de le réduire à "Headsoup".
L'origine du nom vient d'un de mes amis qui racontait que quand il
était petit et pauvre il mangeait de la soupe de têtes de poissons pour
le dîner. On se moquait de lui parce qu'il mangeait de la soupe de têtes
de poissons. C'est donc comme ça que l'on a trouvé le nom de notre groupe.
A présent que l'on a enlevé le mot "Fish", on s'appelle donc "Headsoup".
trois mots qui peuvent symboliser Headsoup... (regardant Steve)
tu en as un ?
Steve : (rigolant) non.
Nik : Je dirais, la liberté, les racines et la soul.
Oh mes influences...il faut remonter le temps... Bien sûr avec les Beatles,
avant eux probablement Jimi Hendrix Experience et les Faces avec Rod Stewart,
il y a des années et aussi les Rolling Stones. J'écoute beaucoup de
Ray Charles, beaucoup de rock et de soul.
Nik : Ouais du rock'n'roll, en mettant l'accent sur le mot "roll".
J'aime vraiment la musique des années 50, 60 et 70 parce que je pense
qu'elle avait du swing, beaucoup de rock'n'roll, que la plupart de la
musique rock d'aujourd'hui n'a pas, la musique dans laquelle on peut
encore trouver ce swing et ce feeling est le blues et le jazz parfois,
et c'est un des éléments qui manque vraiment à la musique rock actuelle,
ce feeling, cette soul, dans le rythme. J'ai été élevé au son du rock'n'roll
et beaucoup également à la soul, Stevie Wonder, Aretha Franklin, beaucoup
de blues et de jazz mais nous faisons de la pop, alors on peut aussi l'ajouter.
Ce qui fait le succès d'un groupe. Eh bien si on avait la réponse à ça !
(Nik rigolant).
Steve : Eh bien ma réponse à ça est : toujours les chansons.
Bien sûr qu'on peut avoir des super chansons, elles peuvent ou ne peuvent
pas plaire à tout le monde, mais si on a des chansons géniales qui plaisent
à la masse, alors je dirais que c'est ça le succès.
Nik : C'est un cliché de dire que tout repose sur la musique.
Pour nous le succès c'est un bon concert, une belle chanson que
l'on joue et qui touche le public. Il y a beaucoup de gens qui ont
été vraiment émus par nos chansons et qui nous le disent, et tu sais,
ils nous disent aussi que la musique joue un rôle important dans leur vie.
Pour être capable d'écrire une chanson, les paroles, la mélodie n'importe
quelle chanson et qu'elle signifie quelque chose pour quelqu'un, c'est ça
le succès, d'un compositeur, d'un musicien, tu sais, et il y a d'autres
types de succès - l'argent et la renommée qui vous aident, mais avant
de pouvoir avoir tout ça, si cela dure, on doit faire de la qualité et
la musique doit avoir une certaine profondeur...et il faut être connecté
à quelqu'un.
Le voici (tenant la pochette du CD). Nous sommes fiers de cet album.
Il a été produit par notre ami
John Platania
,
qui n'est pas avec nous aujourd'hui. Il a travaillé avec Van Morrison
que beaucoup de gens connaissent et a enregistré l'album Moondance avec lui.
Sur "Worlds fade away" John a été notre lead guitariste, une belle
expérience pour nous. En reparlant de succès, cet album est un succès
pour nous et pour tous ceux qui nous ont aidés à le faire, on est vraiment
fier de ce CD. Il sonne un peu comme un album de Van Morrison,
avec de la soul, du folk, même un peu de blues, il est bien rythmé...
Nik à Steve : Tu en as un ?
Steve : Mon morceau préféré je dois l'avouer est "Thank you".
Nik : La plupart des gens aiment bien "Thank you", c'est une chanson
que nous jouons souvent.
Quand j'écoute ce CD (le regardant) mon préféré est "Worlds Fade Away",
c'est le dernier morceau et John m'a aidé à le travailler. J'ai écrit
cette chanson et je l'ai donnée à John. Quand on s'est revu il m'a dit
d'une façon très délicate : "Nik, j'ai eu une idée pour ta chanson et
j'aimerais que tu me dises si tu aimes les petits changements que
j'ai faits". John est un grand producteur qui a beaucoup de tact.
J'ai écouté la chanson et j'ai trouvé que les petites touches que John
avaient apportées la rendaient magnifique car il a joué le morceau en
utilisant un Ebow qui est un accessoire de guitare qui imite le son
de l'archet sur la corde d'un violon ce qui produit un son à part qui
donne à cette chanson une ambiance particulière...
C'est fabuleux.
J'aime bien travailler avec les autres, tu sais, en général je prends
des idées à droite et à gauche, que ce soit un accord ou un riff et puis
je les joue et j'essaie d'ajouter des paroles qui signifient quelque chose.
Une chanson s'écrit souvent d'elle-même de cette façon. Je ne pense pas
en premier à un concept, je laisse les choses venir, et j'aime bien
impliquer d'autres personnes pour composer, parce que cela me donne une
plus grande énergie et la plupart de ces chansons (regardant la couverture
du CD) ont été coécrites avec des gars qui n'écrivent pas spécialement
beaucoup de chansons, ce sont des musiciens que je côtoie, je les
transforme en compositeurs (riant). C'est terrible...
Steve : Je pense que les clubs et les scènes plus petites ont un côté
plus intime car on est plus près du public, on peut donc mieux ressentir
sa réaction que dans un endroit plus grand, mais les deux sont bien,
quand le public est bon et assez nombreux c'est toujours un plus pour nous,
c'est beaucoup d'émotions...Alors que ce soit une petite salle ou une
grande salle c'est toujours bien, mais pour ma part je préfère les petites
salles probablement parce que j'ai grandi en jouant dans des petits clubs...
Nik : Les gros concerts sont très excitants mais on s'en rappelle souvent
moins. Quand on est sur scène il y a beaucoup d'énergie et si on les
regarde ensuite on se dit wouah c'était super, mais on joue le plus
souvent dans des petits clubs. J'aime bien les petites salles, tu sais,
j'aime chanter et jouer pour les gens, n'importe qui...D'ailleurs il
faut qu'on m'arrête...parce qu'autrement je continue à jouer debout dans
la rue (riant).
Ce n'est pas simple. La plupart des musiciens naissent avec la musique
dans le sang.
Pour ma part j'étais déjà dingue de musique quand j'étais tout petit.
Je n'aimais pas regarder la pochette des disques des Beatles parce que
je voulais être un Beatles tu sais, mais en même temps je voulais
également fonder une famille comme tout le monde, ce n'est pas facile
d'allier les deux.
Steve : Oui et savoir que sa famille vous soutient est fondamental,
avoir quelqu'un qui croit en ce que vous faites et vous laisse le faire
et veut que vous fassiez ceci ou cela et accepte de s'occuper de votre
famille et veut que vous réussissiez c'est bien mais ce n'est pas
toujours indispensable on peut le faire de toute façon, on est
toujours enclin à le faire.
Nik : Oui toi toujours, et parfois le musicien qui a tendance à être passionné par ce qu'il fait, tu sais, a besoin de quelqu'un pour avoir les pieds sur terre. C'est ce que ma famille fait pour moi. Tu sais quand je suis à la maison je ne suis pas une rock star, ça c'est sûr (riant).
Nik : Oui.
AM : Ils font de la musique ?
Nik : Eh bien ma fille commence à chanter et elle est douée. Avant,
elle voulait être avocate et maintenant elle me dit qu'elle veut chanter,
alors je lui ai dit : Oh, bien (riant) ! Je ne peux que l'encourager, elle
a beaucoup de talent.
Steve : J'aime bien faire du vélo. Je m'intéresse également aux
courses automobiles, je regarde les courses Nascar ou n'importe
quelles courses de bagnoles d'ailleurs.
Nik : J'adore le base-ball et je m'intéresse aussi à la politique.
Je lis beaucoup d'articles concernant la politique.
Je trouve cela passionnant. Tu sais en Amérique la politique
est comme un divertissement, jour après jour on devient accro.
Je lis environ 30 articles par jour, c'est une chose à laquelle
je m'intéresse beaucoup. C'est à peu près tout. Et la musique c'est...
Steve : Etre à l'écoute des autres.
Nik : Ouais.
Nik : Préféré à quoi ? Juste en général : le passé, le présent ou le futur.
Je dirais que je préfère le présent. Avec Headsoup on vit dans l'instant
présent, on aime vivre les choses qui arrivent sans qu'elles soient prévues,
elles n'arrivent d'ailleurs que si notre esprit est connecté au présent,
tu vois ce que je veux dire ? On travaille, on répète, mais quand on est
sur scène la musique peut partir dans tous les sens et il faut la laisser
s'exprimer, c'est ça la spontanéité, on peut faire des miracles de cette
façon, mais concernant la musique rock j'ai tendance à préférer pas mal
de trucs du passé je dois dire (riant). Je ne veux pas que ce soit pris
comme ma position officielle, mais c'est vrai, j'ai une attirance pour
les années 60.
Steve : Ouais ...Je pense que la musique, pour tout le monde, c'est vivre
l'instant présent.
Nik : C'est vrai...vraiment...
Steve : Pour les gens qui la jouent, les compositeurs, les auditeurs.
Les personnes qui écoutent une chanson, la comprennent, elles sont
connectées à elle, la vivent au moment présent.
Nik : Absolument, tu sais, il y a parfois une chanson que l'on a jouée
des milliers de fois, que ce soit notre propre morceau ou celui d'un
autre compositeur, que l'on aime bien interpréter ; et bien quand tu
es face au public, tu peux la jouer d'une façon routinière, mais si
dans le public il y a une personne qui t'écoute et qui adore cette chanson,
et bien tu vas la jouer comme si c'était la première fois. Tu vas canaliser
l'amour que cette personne a pour cette chanson à travers toi et tu vas
l'interpréter du mieux que tu peux parce que tu sais que le public l'aime,
c'est pour ça que l'on joue souvent des chansons reconnues car les gens les
aiment. J'espère que tout au long de ma carrière j'aurai l'occasion
d'ajouter à mon répertoire des belles chansons à la liste déjà existante.
Tu sais je serais fier si d'autres musiciens apprécient d'interpréter mes
chansons quand je ne serai plus là.