English Version
Interview - BIJOU - Lyon - 23 septembre 2007
D'où vient votre nom ?
Le nom vient des années 70 exactement. Nous avions un ami dans la banlieue parisienne où l'on habitait qui était un très bon chanteur, il chantait dans des groupes de soul. Nous étions très jeunes, à l'époque on avait 16 ans... Il était dans un café où on allait à côté du lycée, on l'a rencontré, on l'a vu chanter, on a été estomaqué et comme on faisait déjà du blues avec Vincent Palmer qui était mon guitariste, la jonction s'est faite tout doucement comme cela, on s'est lié d'amitié dans ce bar où on jouait au flipper, on buvait des grenadines à l'époque c'était calme !..On a travaillé ensemble pendant des dizaines d'heures en douce, il y avait une osmose...
Peux-tu nous faire un résumé de l'histoire de Bijou ?
Oui... 73, formation de Bijou en comité restreint dans une cave à répéter pendant un an et demi sans aller voir de maisons de disques, on a travaillé énormément sur les titres que l'on commen&ccdile;ait à faire en fran&ccdile;ais. Ensuite est arrivée la chance puisqu'on a signé en 75 chez Philips très vite, tout s'est enchaîné, le premier album de Bijou qui a bien fonctionné; le 2e, le 3e, le 4e...On arrive en 80 et en 81 notre ligne de vie est très bonne, on tombe sur Serge Gainsbourg qui nous emmène dans sa vie puisqu'il était souvent avec nous sur scène, vous le savez très bien à Lyon par exemple et à Paris également. Après il y a eu 2-3 ans supplémentaires d'albums jusqu'à 84 et en 84 tout s'effrondre...c'est terminé...fin de l'histoire.
A quand un livre sur Bijou ?
Il y a longtemps que je pensais que notre ami, Jean-William Thoury qui à l'époque était notre parolier, notre manager et s'occupait totalement de nous, allait le faire, c'était plutôt même à lui de le faire plutôt qu'à l'un d'entre nous, hélas il ne l'a jamais fait, c'est un de mes plus grands regrets...Mais je ne sais pas, peut-être qu'il n'est jamais trop tard...
Qu'est devenu Vincent Palmer ?
Voilà la question que beaucoup de gens me posent en tournée, où est Vincent Palmer ? Je leur réponds, Vincent Palmer est là, il est sur terre en tout cas et il travaille à Rock & Folk , c'est son job depuis 1989.
Peux-tu nous présenter votre trio en 3 mots ?
Oui. Un super batteur que j'appelle le métronome, pour Bijou c'est essentiel, ce n'est pas la peine de faire des choses très compliquées mais il faut que ce soit le "Beat" infernal, une guitare cisaillée terrible aussi avec un charisme et une basse qui soit dans le même moule, un métronome, c'est très simple à la fois, mais quelque fois la simplicité c'est compliqué !
J'ai lu que vous aviez joué dans un film en 87 qui s'appelle "Tant qu'il y aura des femmes" de Didier Kaminka. Cela vous dirait de refaire du cinéma ?
Oui, mais je vais te contredire parce qu'on n'a pas joué dans le film en question....
AM : Vous n'avez pas joué dans ce film ? Le groupe Bijou est cité pourtant...mais je ne l'ai pas vu ce film...
PHIL : C'est peut-être un documentaire ?
AM : Non je ne crois pas...
PHIL : Le titre "Tant qu'il y aura des femmes" nous colle bien à la peau, je ne dis pas le contraire ! Non, je suis perplexe, je ne vois pas, à moins qu'il y ait une apparition de Palmer...En tout cas il y a deux films dans lesquels on est vraiment dedans, le premier c'est un film de Claude Berri qui s'appelle "Je vous aime" (1980) où il y avait Gainsbourg, Deneuve et Depardieu et là, en effet, on est les musiciens de Depardieu, on a fait la musique de ce film avec Serge Gainsbourg et le deuxième est un film de Catherine Breillat, "Tapage Nocturne" (1979) d'ailleurs un 45 tours est sorti à l'occasion...
Pourquoi avoir choisi de chanter dans la langue de Molière plutôt que celle de Shakespeare ?
Déjà Molière, je ne sais pas...ni Shakespeare d'ailleurs ! Ma culture ne m'emmènera pas jusque-là ! Je ne suis pas très classicisme...On a choisi la langue fran&ccdile;aise pour la simple et bonne raison que tout le monde à l'époque chantait en anglais, même nous d'ailleurs, quand on a commencé en 65-66 avec Vincent Palmer, on faisait les adaptations de tout le monde en anglais bien sūr. On a senti que c'était une opportunité de choisir la langue fran&ccdile;aise, il y avait trop de gens depuis des années qui avaient fait tout et n'importe quoi, principalement dans le rock, alors on a pensé que cela pouvait enfin amener des musiciens à faire du rock en fran&ccdile;ais, définitivement, c'est pourquoi on a fait ce pari et on n'a pas été mauvais sur ce coup-là puisque Téléphone a suivi et ainsi de suite...
Pourquoi les femmes sont-elles si présentes dans vos albums ?
Hou la la...Je vais avoir des problèmes avec ma femme !... C'est parce qu'on était des adolescents de 18-19 ans quand on a commencé, on est arrivé à signer très vite, à 22 ans, on faisait de la musique pour s'amuser sans avoir vraiment un but "professionnel" au départ, et le fait est que d'avoir de la notoriété faisait que l'on ne pensait qu'aux bagnoles et qu'aux filles, cela n'allait pas plus loin que &ccdile;a, alors c'est devenu "la foire à l''empoigne", on a connu beaucoup de filles à un moment évidemment et comme on n'était pas non plus des saints... Voilà !...
( Patrice Llaberia)Quels sont les thèmes que vous préférez aborder dans vos chansons ?
Les filles... Aborder les filles dans tous les sens du terme ! On a fait beaucoup de chansons qui parlaient des filles, même de notre propre vie familiale, comme une chanson qui s'appelle "tu me manques b b" c'est ma femme que l'on surnomme "b b", c'est un petit clin d'oeil...Il y en a eu d'autres aussi, on parlait également des femmes des autres, de la fille d'Elvis Presley avec le titre "Lisa Maria", de Marie-France qui est un travesti très réputé à Paris. On était dans tous les univers malsains ou sains, toujours seins !, tout cela faisait partie de notre vie...
Quel est ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir, il n'y a pas photo, c'est quand j'ai vu Gainsbourg... Ensuite quand je revoyais Serge je lui disais : "Tu sais quand j'étais petit, j'avais 8-10 ans, on regardait la télé le soir avec mon père"... (C'était terrible parce qu'il y avait des émissions de variétés qui étaient pour moi un peu rétro, avec toujours les mêmes chanteurs et j'aimais bien voir Gainsbourg de temps en temps parce qu'il était apprécié, il écrivait terriblement bien et venait chanter son tube de l'époque "Le poin&ccdile;onneur des Lilas), je lui disais : "Tu sais Serge mon père te trouve affreux". (Mon père était chanteur d'opéra et a failli être engagé pour chanter avec Luis Mariano, il n'aimait pas du tout ni l'aventure, ni la fantaisie), et chaque fois qu'il voyait Gainsbourg à la télé il était horripilé, quand je le racontais à Serge il se marrait et me disait : "Dis-moi ce que ton père dit sur moi" et je lui répondais : "Ta gueule ne lui plaît pas, il te trouve affreux" et Gainsbourg se marrait de plus belle en disant : "C'est normal j'ai joué avec &ccdile;a et j'ai gagné"... et je lui répondais : "Tu as raison, ce n'est pas mon père qui a raison sur ce coup là !..."
Quel est ton plus mauvais souvenir ?
Il y en a un seul...Quand je me suis barré de chez mes parents, enfin c'est plutôt eux qui m'ont foutu dehors à l'àge de 16 ans et demi ! iIs m'ont dit : cheveux longs, idées courtes, on ne veut plus te voir, tu n'existes plus pour nous"...C'était super hard, mon père était militaire de carrière, il ne supportait pas de voir que j'étais un des premiers à avoir les cheveux longs, ce n'était pas bien vu dans la résidence où l'on vivait alors je suis parti de chez moi. Je n'avais pas d'argent donc je vivais mal, je me suis chopé la tuberculose et retrouvé dans un sanatorium, j'ai connu la descente aux enfers et là j'ai vraiment flippé, je me suis dis si c'est &ccdile;a la vie, ce n'est pas bon...Mais souvent on dit qu'après un malheur, un bonheur enchaîne et bien c'est gràce à cette maladie que Bijou est né parce qu'à l'hôpital tout le monde venait me voir, dont Vincent et on avait l'idée de faire le groupe Bijou en fran&ccdile;ais, on a donc tout mis au point, cela m'a redonné le moral et on est reparti de plus belle !...
Que s'est-il passé entre l'album "Hit Pop" en 2000 et "Redescends sur terre" en 2006 ?
Il s'est passé un peu moins d'une dizaine d'année !..Un désert...C'est une
drôle d'histoire, comme toute ma vie d'ailleurs !...Je retrouve Dynamite avec
qui on doit remonter Bijou et Vincent que l'on recontacte, que l'on voit
plusieurs fois, on lui propose de rejouer avec nous car il nous avait dit
oui, plus tard on le refera, je reviendrai, mais quand on lui propose il dit
non "Je ne sais plus jouer, je ne veux plus jouer" et Dynamite me dit tant
pis on va remonter le groupe ensemble sans Vincent. Donc on a fait cet album
que j'ai trouvé très bon, peut-être intimiste par moments, mais on a été très
mal per&ccdile;u par la presse, ils ont trouvé que l'album ne ressemblait pas à du
Bijou donc cela a été un flop, alors on s'est quitté très bons amis avec
Dynamite, qui n'avait plus trop envie de faire de la musique, il a choisi de
faire autre chose et m'a dit : "Dauga continue, fais du rock à la fa&ccdile;on
Bijou, je pense que tu as raison". J'ai donc recommencé à chercher des
musiciens, c'est pour cela que j'ai mis un peu de temps parce que c'est très
très dur de trouver un bon guitariste en France, c'est la croix et la
bannière...
( Franck Ballier )
Vous avez enregistré un DVD et un CD Live au Zénith de Caen en mai 2007, peux-tu nous en parler ?
Oui c'est d'actualité, il sont finis... C'était une idée d'un de mes amis qui s'appelle Jacques Perotte qui travaille à France 3 Caen, il est toujours derrière nous depuis des années, il est génial, il nous redonne toujours le moral, il nous a proposé une équipe, a loué des caméras, des gens de Canal l'ont accompagné, ils étaient partants pour faire un DVD sur Bijou, ils sont donc venus nous proposer le projet, on était ravi et bien sūr on a sauté à pieds joints...
Vous êtes à Lyon pour enregistrer un nouvel album...
Tout à fait. La ville de Lyon est mon deuxième bonheur, le premier étant ma femme car je me suis marié avec une Lyonnaise. La ville est formidable, j'ai craqué en 78 quand je l'ai rencontrée, je ne connaissais pas Lyon, le seul truc que l'on connaît de Lyon pour tout Parisien qui se respecte...
AM : C'est le tunnel de Fourvière.
Phil : C'est le tunnel de Fourvière mais ce n'est pas le plus grand malheur que vous ayez, c'est la suite, car dès que l'on prend l'autoroute qui est sur le bord du Rhône où l'on ne voit rien et que l'on arrive sur Feyzin où &ccdile;a pue, où il y a des grands barils de pétrole, si on arrive de ce côté là on se dit, c'est &ccdile;a Lyon ? Il faut vite se barrer pour aller à Valence...En fin de compte je ne connaissais rien et c'est ma femme qui m'a fait visiter le "vrai" Lyon alors là j'ai compris... j'ai oublié tout le reste et je lui ai dit : "C'est parfait". Lyon me plaisait énormément, j'étais amoureux de cette ville, je voulais vivre à Lyon et la deuxième chose dont on parlait...Tu peux me rappeler la question ?
AM : La question était vous êtes venus à Lyon pour enregistrer votre nouvel album...
Phil : Oui, il y a deux choses à Lyon qui se passent toujours sous de bons auspices, c'est ma femme et notre mariage et puis actuellement la résurrection de Bijou qui gràce à quelqu'un qui est également Lyonnais, qui s'est intéressé à moi ; c'est un de mes très jeunes fans ; j'étais très étonné d'ailleurs, car il n'a que 35 ans, je ne comprenais pas, je pensais que c'était plutôt les fans de 50 ans qui connaissaient tous mes disques, il connaissait les paroles mieux que moi, il me chantait les chansons les unes derrière les autres et il m'a dit Philippe j'ai un studio, je serais ravi que tu viennes enregistrer chez moi, c'était une super proposition et j'étais très content de l'offre et depuis on n'enregistre maintenant qu'à Lyon, on a fait le premier album "Redescends sur terre" ici et on est en train de faire le deuxième...