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Paul ROBERTS - Interview 28 Aout 2009

1. Aujourd'hui nous sommes à Londres.


Nous sommes au Nord Ouest de Londres à Hampstead plus précisément, dans un très beau quartier !

AM : Au New End Theatre.

Oui.

AM : Et tu chantes dans un show qui s'appelle...

"The Great American Songbook".


AM : Peux-tu nous en parler ?

Oui. "The Great American Songbook" est si tu veux un peu un voyage nostalgique à travers la musique qui a été créée entre les années 20 et 60, écrite par des compositeurs comme Cole Porter, Jerome Kern, Jimmy Van Heusen, Rogers and Hart, Rogers and Hammerstein, George Gershwin. C'est une histoire qui démontre que les chansons ont, en fait, propulsé les chanteurs à la célébrité, au vedettariat, et non l'inverse. Beaucoup de gens pensent que les chanteurs ont rendu les chansons célèbres mais c'est le contraire. Dans ce spectacle il y a de belles chansons, et je suis l'un des interprètes avec 2 autres chanteurs exceptionnels et nous sommes accompagnés par un groupe de 4 musiciens.




2. Es-tu prêt à monter dans ma "voiture qui voyage dans le temps" ?


Je suis prêt ! (souriant)

AM : Alors en voiture !

OK, merci.

AM : Je sais que tu aimes les voitures.

J'adore les voitures.

AM : Malgré ta mésaventure, tu as eu un accident en décembre 2005 je crois ?

Oui. C'était après mon dernier concert avec les Stranglers.

AM : Quelle est ta voiture préférée ?

Une Aston Martin, n'importe laquelle, et si je devais vraiment en choisir une autre ce serait une Maserati, mais je n'ai jamais désiré une autre voiture depuis que j'ai vu le film "Thunderball" (Opération tonnerre).

AM : Tu sais que tu peux la gagner...

Je viens de la classe ouvrière, je ne gagne jamais rien, je ne gagne jamais plus d'argent que ce dont j'ai besoin et j'ai une vie fantastique ! c'est une blague... C'est une blague...



3. Quand tu étais ado quels étaient tes groupes ou chanteurs préférés ?


Hou la, ado ? Ok laisse-moi remonter le temps. Mes groupes préférés, sans aucun doute, étaient nombreux et variés. Quand j'étais enfant j'aimais bien le jazz, j'écoutais des musiciens comme John Coltrane, Thelonious Monk. Puis j'ai écouté beaucoup de groupes de rock, Montrose, Ted Nugent, qui étaient intéressants à voir en concerts, à part Ted Nugent, qui était un peu ennuyeux parce qu'il essayait toujours de faire du feedback avec sa guitare. Oh bien sûr Robin Trower, et celui qui a toujours été mon préféré, Jimmy Hendrix, voilà les groupes que j'écoutais, et j'aimais aussi découvrir des groupes indépendants, c'est comme cela qu'on les appelle maintenant, des groupes peu connus, je passais beaucoup de temps dans les magasins de musique, et tu sais j'ai toujours beaucoup aimé Alice Cooper, David Bowie et Frank Zappa.

AM : A ton avis, qui t'a le plus influencé ?

A quel niveau ? En tant que chanteur, artiste, auteur-compositeur ? Tout ? All ?

AM : Oh oui.

Hou la ! Comme auteur-compositeur probablement Iggy Pop , parce que je pense, qu'en tant que parolier Iggy a été l'un des plus grands du rock. Comme artistes probablement entre Bowie et Brian Ferry , Roxy Music qui m'ont influencé et que j'aimais beaucoup, Lou Reed comme crooner, et Sinatra pour ceux qui aiment, des personnes comme Billie Holiday , ont aussi beaucoup influencé ma vie, même si ses chansons sont aujourd'hui utilisées d'une façon très commerciale, j'ai grandi avec tous ces interprètes. Beaucoup de genres différents, en tout cas trop d'artistes pour les lister.



4. Te sens-tu plus une âme de punk rocker ou de pop rocker ?


Probablement plus l'âme d'un jazz rocker (souriant). Pour moi 90% de la musique punk était nulle et 10% était excellente, et la meilleure période musicale vint après cela, tu sais, avec les "New Romantics", il y avait une nouvelle vague d'artistes comme Elvis Costello , les Blockheads un peu avant et qui étaient un super groupe. Pour ne rien te cacher je ne suivais pas de très près ce genre de musique, je trouvais certains groupes indigestes, il y avait un esprit très commercial.




5. Tu as été le chanteur des Stranglers de 1990 à 2006, donc pendant 16 ans.



Oui.

AM : Je pense qu'il est toujours difficile de remplacer le chanteur d'un groupe. Qu'est-ce que cela t'a fait de remplacer Hugh Cornwell?

Qu'est-ce que cela m'a fait ? On m'a demandé de le faire, je voulais le faire et je l'ai fait. Je l'ai fait avec 100% d'enthousiasme, aussi bien que j'ai pu, je leur ai donné mon coeur et mon âme. Au dire de leur manager j'ai sué sang et eau pour eux (regardant la caméra).




6. Quel est ton meilleur souvenir avec le groupe ?



Il y en a pas mal. L'Albert Hall fut une grande soirée pour moi, simplement parce que mon père était en train de mourir d'un cancer et c'était probablement la dernière fois qu'il me voyait sur scène, il était encore en forme pour venir et je pense que le fait de voir son fils qui chantait sur scène à l'Albert Hall était fabuleux pour lui, ce fut donc mon meilleur moment sur scène. Comme j'aime bien m'amuser et profiter de la vie j'ai vécu de très bons moments, j'ai découvert plein de choses, j'ai rencontré plein des gens. J'ai bien aimé parcourir le monde, aller aux îles Malouines a été une super expérience, voir les choses que j'avais toujours voulues voir et me pencher hors d'un avion, ce que je ne devrais pas dire, parce que je pourrais mettre quelqu'un dans l'embarras.




7. Maintenant tu as ton propre groupe qui s'appelle Soulsec.



Oui.

AM : D'où vient ce nom, Soulsec ? Est-ce ta seconde âme ?

Non, c'est une sorte de blague, parce que c'est un fait que nous ne faisons pas beaucoup de concerts. Notre nom a changé trois fois pour qu'il soit toujours d'actualité je suppose ! Mais 'Soulsec' est une véritable question, quelque chose se passait dans ma vie, une interrogation sur un faux sentiment, 'Soulsec' aurait dû avoir un point d'interrogation mais j'en ai marre des points d'interrogation...






8. Tu as un site internet.



Oui.

AM : Et un myspace.

Oui.

AM : Et tu es aussi sur Facebook.

Je suis en effet complètement connecté au cyberespace. Je ne suis pas vraiment sur Facebook, je n'aime pas l'idée de communiquer à travers ces moyens de rencontre non verbaux. Je les utilise parce que j'ai des amis partout dans le monde que je contacte, mais je préfère et de loin parler à quelqu'un de vive voix.

AM : Que penses-tu d'internet ?

Je pense qu'Internet est fantastique. C'est quelque chose que l'on doit utiliser à son avantage, tu sais on ne doit pas devenir un esclave, un esclave du Maître. J'utilise Internet comme si c'était une encyclopédie et c'est une chose fascinante parce que c'est génial. Mais je n'aime pas l'idée que les gens se fassent des amis à travers le cyberespace, des amis qu'ils ne peuvent pas voir dans la vraie vie et si ils peuvent un jour se rencontrer en réalité, certains ne le font pas, et ils n'existent donc pas vraiment parce qu'ils ne font que collecter des amis comme des papillons. Je pense que c'est ridicule. Un de mes amis travaille au 'Guardian' et nous avons un jour écrit un article qui parlait de la communication parce que j'ai toujours pensé que même quand on envoie un SMS à quelqu'un ce n'est pas vraiment communiquer, c'est comme si on disait : 'je t'envoie un petit message mais je n'ai pas vraiment envie de te voir'. Tu sais c'est une très mauvaise excuse (il mime quelqu'un qui téléphone). Pourquoi ne pas décrocher le téléphone ? Les gens me parlent à travers Facebook et je ne comprends pas pourquoi ils ne m'appellent pas. Je ne suis pas une personne inaccessible...



9. Comment fais-tu pour écrire une chanson ?


Il y a différentes façons de le faire.

AM : Quels sont les thèmes que tu aimes aborder dans tes chansons ?

Toujours l'amour, la folie, le sexe et la drogue. Je pense que ces thèmes regroupent beaucoup de choses, ensuite on peut les mélanger comme cela on en obtient encore plus (riant), et je m'inspire également de ma vie et de celle des autres.







10. Tu as un nouvel album à promouvoir.


'States of Play' est une sorte de compilation, il n'est pas vraiment nouveau, mais il comprend de nouvelles chansons que j'ai mises sur un album que j'ai fait, était-ce l'année dernière pour Noël ? Je ne me souviens pas ! Ouais, je pense, j'ai fait un petit album qui s'appelait '5,4 NOW'. J'aime avoir un concept, comme par exemple sur mon album 'End Games' qui parlait de la fin de beaucoup choses, '5,4 NOW' est un jeu sur 'Thunderbirds' 5,4,3,2,1 mais je n'ai pas eu assez de temps pour écrire et enregistrer ce que je voulais , je l'ai fait moi-même, tu sais, c'était beaucoup de travail, c'est donc une compilation qui aurait dû sortir à Noël mais elle est restée coincée chez le distributeur parce qu'ils étaient en faillite.




11. Je crois que tu as beaucoup apprécié ta tournée aux USA


Oui, ma dernière tournée aux USA en mai a été à la fois très bonne et très bizarre. On a joué avec une guitare acoustique, donc une voix et une guitare, et on a eu beaucoup de compliments. On a parfois joué après deux groupes de rock mais les gens ont continué à danser et à s'amuser, c'était bizarre et beaucoup de Latino-américains ont été très réceptifs, c'était très appréciable. Je suis arrivé là-bas en pensant que je devais jouer des morceaux des Stranglers mais ce ne fut pas le cas. C'était formidable.





12. Etre le chanteur d'un groupe, donc être mis en avant, c'est comme si on était un acteur.



Oui.

C'est pour cela que tu es un homme aux multiples talents. Tu es chanteur mais tu es aussi un acteur de théâtre et de télévision ?

Oui c'est vrai. En fait c'est un hasard. J'ai été contacté par un agent artistique de théâtre à Londres. Quand j'ai quitté le groupe je pensais à différents projets, je me demandais ce que je voulais faire, où j'allais aller et tu sais je voulais oublier un peu le passé. Ce n'est pas chose facile. Un jour j'ai reçu un message d'un agent artistique londonien qui m'a demandé si je voulais bien travailler avec eux, alors j'ai préparé et passé des auditions pendant trois ans. J'ai joué à Edimbourg dans le show de Richard O'Brien. Malheureusement la metteur en scène a été écartée du projet parce que je pense qu'elle s'est trompée dans l'approche du spectacle, elle voulait faire un spectacle en utilisant le concept d'une rock star mais j'aurais préféré le faire légèrement différemment. De toute façon, ce fut une expérience formidable. J'ai passé un mois à Edinbourg et vécu avec deux jeunes danseurs, on s'est bien amusé, on est allé voir beaucoup d'autres spectacles, on a passé du bon temps.

AM : Quel a été ton rôle préféré ?

Ovide, que j'ai joué. Ovide était un poète romain qui a été banni de Rome parce qu'il avait couché avec la fille de l'Empereur. La pièce s'appelait 'l'Art d'aimer', Ars Amatoria, et c'est Tony Hume qui a basé cette pièce autour d'un jeu d'échec, dans la Rome antique. Je l'ai interprété avec mon amie Adele Anderson qui a joué le rôle d'une femme excentrique dans "Fascinating Aida", une comédie britannique, joué par un groupe de femmes qui aiment la vie, aiment s'amuser et qui sont très drôles...Dans la pièce avec Adele nous étions en couple, mais Corinne ma maîtresse avait toujours le dessus et ce qui était passionnant c'est que nous devions apprendre nos déplacements sur l'échiquier. La pièce commençait sur un jeu d'échec et l'on jouait en se déplaçant sur l'échiquier. On devait être très précis et bien faire nos déplacements pour ne pas essuyer les critiques. Suite à notre performance nous avons eu de très bonnes critiques et les auteurs étaient contents du résultat, ils m'ont complimenté, et le gars qui a écrit la pièce était un lexicographe c'est-à-dire qu'il étudie les mots et la structure des phrases, c'était un processus intéressant pour moi car il y avait des tirades et des dialogues, c'était très intéressant.



13. Tu as une famille.



Oui, j'ai un garçon.

AM : Un fils.

Oui, il vit en Nouvelle-Zélande avec une jolie japonaise et il apprend à parler japonais pour l'enseigner. Il a 29 ans, il est adorable et j'ai également une jolie petite amie qui est toujours restée à mes côtés dans les mauvais moments et avec qui j'ai également partagé les bons moments.

AM : Je suis sûre que tu as de bons amis.

J'ai des amis formidables.

AM : Un groupe.

Un groupe, oui.

AM : Quels sont tes souhaits pour le futur ?

Je veux juste continuer à rester comme je suis. Ce qui m'arrive est incroyable, avec ce spectacle "The Great American Songbook". Mis à part 'The Stage' qui a critiqué en mal notre spectacle à cause de trucs insignifiants, nous avons eu de très bonnes critiques dans le 'Times', dans 'What's On Stage', dans le 'London theatre guide', et un très bel article dans le 'Time out London' ce qui est super.

AM : Je crois que c'est la fin de l'interview Paul.

Oh merci beaucoup.

AM : Merci beaucoup pour le temps que tu nous as accordé.

Je t'en prie.