Richard Bona
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Interview - Kent
18 Mai 2013


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  1. Bonjour KENT.
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    Bonjour.

    AM: Bienvenue à Lyon. Je crois que tu connais bien cette ville, n'est-ce pas ?

    Je l'ai bien connue. Je la connais moins parce que j'ai quitté Lyon en 88. Maintenant je la redécouvre.

    AM : Tu es né à Lyon et tu as grandi à la Croix-Rousse ?

    Oui, à la Croix-Rousse.

    AM : En 1957.

    C'est exact.

    AM : Tu es un artiste aux multiples facettes et comme la création se nourrit de tout...Tu es premièrement écrivain, combien de romans as-tu écrit ?

    J'ai écrit 5 romans mais je ne mets pas tout dans l'ordre en fait, si vous dites que je suis premièrement écrivain, je ne sais pas quel sera le deuxièmement et le troisièmement, c'est l'inspiration qui décide, je suis mon inspiration. Un jour c'est le roman, un jour la peinture, un autre jour une chanson et un jour c'est rien, parce qu'il y a aussi des jours sans rien !

    AM : Oui, il faut aussi un temps de repos.

    Oui, ou parfois même sans se reposer on n'arrive pas à trouver une inspiration, c'est comme ça.



  3. Tu es également dessinateur, sous le nom de Kent Cokenstock. Ce nom fait-il référence à Hergé et aux aventures de Tintin ?
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    Oui, tout à fait. C'est même mon nom d'auteur-compositeur. A 20 ans, quand je suis allé à la SACEM déposer mes premières chansons, je voulais les déposer au nom de Kent et on m'a dit : "Il y a déjà des personnes qui s'appellent Kent, pour vous ce n'est qu'un pseudonyme, si vous voulez vraiment toucher vos droits, qu'ils ne soient pas attribués à quelqu'un d'autre, il faut que vous trouviez un autre nom". J'ai immédiatement pensé au titre d'un album de Tintin, et j'ai choisi Cokenstock parce que cela m'amusait.

    AM : Et puis on l'a tous lu !

    Je pense que oui.


  5. Voici un exemple de ton travail qui est une très belle réalisation qui s'appelle L'Homme de Mars.
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    Pour le coup, il y a tout dans L'Homme de Mars.

    AM : Voilà.

    C'est un livre-disque. J'ai fait la musique, écrit les chansons, les paroles évidemment. J'ai fait les dessins, en bande dessinée, car la BD est mon premier amour et le reste toujours, et j'ai aussi fait les peintures, c'était mes premières peintures acryliques. J'ai toujours eu du mal à faire de la couleur. Les chansons m'ont inspiré ces peintures et m'ont donné envie de prendre le pinceau. Auparavant je ne le faisais pas. Donc c'est une grande première pour moi.

    AM : C'est un très bon concept qu'on a bien aimé.

    J'aimais bien cette idée-là. Je crois qu'on a tous en tête, enfin beaucoup d'artistes ont en tête de faire un jour quelque chose qui soit volumineux, j'allais dire, une espèce d'énorme abcès artistique dans la tête qui doit sortir un jour. Cela peut être, un double album, un triple album quand on n'est que musicien. Et quand, comme moi, on fait d'autres choses, on a envie d'allier tout cela ensemble. D'autres vont prendre une caméra ou un appareil photo pour faire un album. Peut-être qu'il y en aura d'autres.

    AM : Oui on espère bien. Et quand on l'écoute, on visualise tellement bien les choses qu'on le verrait bien monté en spectacle, cet Homme de Mars.

    Oui c'est jouable. Cela demande beaucoup de moyens. Je sais qu'à la sortie de l'Homme de Mars, j'ai tenté d'intéresser des producteurs, sans succès (riant), mais honnêtement je n'ai pas trop cherché parce que je n'aime pas aller frapper aux portes et prier les gens de faire quelque chose. Mais ce n'est pas exclu, de toute façon c'est quelque chose qui reste dans le temps. On peut très bien monter un spectacle dans 10 ou 15 ans, même après ma mort.

    AM : Quand les martiens auront débarqué !

    Oui, on va demander un financement martien je pense, on aura peut-être plus de chance qu'avec un financement terrien, ils ne connaissent pas les crises là-bas ! (souriant).



  7. Tu as aussi écrit un livre-disque pour enfants qui s'appelle l'Alphabête, il est drôlement bien.
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    Ce n'est pas mon projet, c'est un projet de Pierre Jouishomme qui a écrit à peu près toutes les chansons, les textes en tout cas. Il a donné certaines musiques à d'autres artistes, dont moi. J'ai fait une musique sur l'une des lettres et il m'avait demandé de faire les illustrations, cela m'avait amusé de le faire. C'était mon troisième livre pour enfants, j'en ai fait deux autres en tant qu'auteur avec l'illustrateur Stéphane Girel, donc c'était drôle pour moi de renverser la vapeur.

    AM : Tu as fait un jeu de 7 familles assez drôle avec la famille Rap, Reggae, Rock.

    Je l'avais fait par plaisir, et il a été édité car ma maison de disques de l'époque trouvait ça marrant de le sortir en même temps qu'un disque. Je ne sais pas s'il y avait vraiment un rapport avec l'album, mais ça s'est fait comme cela.


  9. Tu es aussi musicien. Tu as débuté ta carrière en tant que guitariste, chanteur dans les années 70 avec le groupe Starshooter. L'aventure a duré combien de temps ?
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    Officiellement, elle a duré 5 ans entre le premier 45 tours et le dernier album. Mais elle existait déjà depuis 4 ou 5 ans auparavant, donc l'aventure a duré une dizaine d'années. Les prémices de Starshooter ont commencé sur les bancs de l'école, en troisième, au CES Vernay à Caluire, pour être très précis.

    AM : Tu te souviens de ton tout premier disque qui était un 45 tours ?

    Oui bien sûr. On s'en souvient toute sa vie de son premier disque. On oublie parfois certaines aventures, on n'oublie pas les enregistrements de ses disques. Au fil du temps cela devient plus normal, si on peut dire, alors qu'un premier disque est tellement un événement impensable. Arriver en studio et voir sa taille, voir des ingénieurs du son, être présenté à des professionnels de la musique. Il faut aussi resituer tout cela dans le temps, car aujourd'hui je crois qu'il y a moins de complexes par rapport à la profession qu'auparavant. C'est tellement facile de faire de bons enregistrements chez soi et les mômes d'aujourd'hui ont une culture technique beaucoup plus grande. Nous, on ne connaissait rien. On ne savait pas comment sonoriser un ampli, on ne savait pas non plus comment on enregistrait sur une bande, on enregistrait vaguement sur des mini-cassettes, mais pas en studio.


  11. Après Starshooter tu as débuté une carrière solo. Tu as collaboré avec beaucoup d'artistes durant toutes ces années, tu as également écrit des chansons pour d'autres personnes. Peux-tu nous citer quelques noms ?
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    Je peux citer avant tout Enzo Enzo, puisque c'est avec elle que l'aventure a été la plus durable et c'est elle la première qui est venue me chercher. Je lui en saurai gré toute ma vie. Elle a chanté des chansons qui ont bien marché, cela m'a bien sûr ouvert des portes. Je peux citer également Zazie, Johnny Hallyday, il y a même eu des anciens, (souriant) j'en fait partie maintenant ! A l'époque j'étais plus jeune, par exemple Michel Fugain, Enrico Macias. Il y a eu des jeunes inconnus aussi dont le disque n'est jamais sorti. Ce sont des moments un peu décevant car en général il y a une attente plus grande de la part des gens qui débutent, pour qui c'est le premier album, qui viennent vous chercher en disant j'aime bien ce que vous faites. Il y a une vraie attente, on est pris par ce désir et on s'investit beaucoup plus que lorsque c'est un professionnel de la profession qui vient vous chercher, car on sait très bien qu'on est un, parmi tant d'autres. Mais honnêtement je ne tiens pas vraiment compte des noms. Il y a eu Hervé PAUL, quelqu'un de méconnu, j'ai participé à trois de ses albums, c'était une belle aventure.



  13. Tu as maintenant 14 albums à ton actif et le dernier qui vient de sortir s'appelle " Le Temps des Ames ".
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    Oui.

    AM : Pourquoi ce titre ?

    C'est le titre d'une chanson et j'aime bien sa sonorité et l'association de ces mots. Je ne me rappelle plus par contre comment j'ai écrit le texte, comment cette idée Le Temps des Ames m'est venue. Ah mais si je me souviens ! A dire vrai l'inspiration m'est venue, non pas que le temps des âmes existe dans ce livre, en tant que titre, mais par le livre de Jean-Michel Besnier qui s'intitule Demain les Posthumains. C'est un livre qui m'a marqué car il parlait de l'avenir de l'intelligence humaine avec l'arrivée de l'intelligence artificielle. Ce désir que l'on a de prolonger notre vie, de vouloir garder nos souvenirs, de les mettre en mémoire sur des barrettes, donc qu'est-ce que sera l'intelligence de demain ? ça ressemble beaucoup à ces films de science-fiction comme intelligence artificielle de Spielberg. C'est un vrai thème de science-fiction et aujourd'hui nous sommes en train de toucher cette science-fiction, donc ça m'avait marqué parce que c'était le seul avenir positif que je vois à l'intelligence de l'humanité (riant). Ce livre m'a donc inspiré une chanson qui s'appelle Le Temps des Ames et elle est assez générique de l'album. (c) Copyright Rock-Interviews.com

    AM : Avec qui as-tu collaboré pour fabriquer cet album ?

    J'ai collaboré, au final, avec Marc Haussmann qui est le pianiste berlinois qui m'accompagne sur scène, que je connais depuis pas mal d'années, et avec qui j'avais déjà joué de manière anecdotique. L'an passé j'étais à Berlin comme souvent et j'allais jouer dans un cabaret et j'ai eu cette envie de faire un piano-voix car c'était une première pour moi. Je savais que Marc jouait du piano mais honnêtement je ne savais pas qu'il jouait aussi bien. On a répété des chansons, les nouveaux titres que j'étais en train d'écrire et fait des concerts. Ces concerts m'ont vraiment plu. J'ai découvert un univers que je ne connaissais pas, ce piano-voix m'a complètement emporté, c'était une liberté lyrique que je n'avais jamais eu l'audace de faire ou la capacité de faire avec ma guitare. Mais auparavant j'ai collaboré avec d'autres personnes comme Jacques Bastello qui a écrit des musiques, c'est un ami avec qui je travaille depuis fort longtemps, depuis l'album A Nos Amours et avec qui j'avais commencé à travailler sur l'album, à produire. Il y avait aussi Pierre Jaconelli. (c) Copyright Rock-Interviews.com J'ai cherché des directions plutôt rock pour cet album et puis j'avais toujours un doute, je trouvais ça bien, très bien, comme disait mon copain Luis Rego, c'est génial mais sans plus. Il y avait un vrai savoir-faire, mais je ne sentais pas ce choc, ces poils qui se dressent, comme j'ai pu le ressentir à Berlin. Donc j'ai complètement changé de direction et je suis rentré en studio avec Marc, au studio Klein Lebereau, le studio de Rodolphe Burger qui incidemment a participé à l'album en tant que conseiller de studio. C'est lui qui m'a également présenté Ian CAPLE, l'ingénieur du son qui avait travaillé avec Bashung et Higelin. L'album s'est fait extrêmement simplement à trois, Ian, Marc et moi, enfermés dans le studio, en pleine campagne. On a enregistré l'album en 10 jours, en toute simplicité.

    AM : Et tout s'est bien passé.

    Oui, il n'y a pas eu de soucis comme il peut y en avoir la plupart du temps pendant un enregistrement, une grande tension qui fait qu'on n'y croit plus, on pense qu'il faut virer tout le monde ou on pense qu'on est une sous merde. Ces moments-là ne sont pas arrivés, tout s'est vraiment passé tranquillement.



  15. Il y a un prélude, je ne parle pas allemand, je suis désolée qui s'intitule.
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    Die Weinende Stadt

    AM : Qui signifie la ville en pleurs.

    Oui.

    AM : Un épilogue.

    Frau Joliets Musicbox.

    AM : Oui, un interlude également et 14 chansons. Qu'est-ce qu'elles racontent toutes ces chansons ?

    Elles racontent mes ressentiments, mes émotions, à la charnière de l'âge que j'ai atteinte. Comme beaucoup de personnes j'ai fui cette idée de parler de l'âge, ce qu'on appelle l'entre-deux âges, un mot charmant qui signifie que l'on a 50 ans. J'entends souvent ce jeunisme latent permanent qui fait qu'il ne faut pas avouer ses 50 ans. Il faut jouer le jeu d'être toujours jeune, parce qu'on peut toujours l'être, il suffit de bien se nourrir, de faire du sport, d'être au courant de ce qui se passe, et finalement peu importe l'âge. Mais c'est faux, on peut très bien suivre tous ces bons conseils et en même temps l'âge importe énormément car nous n'avons pas la même approche des choses, et en plus pas le même regard des autres sur nous-mêmes. On peut se positionner en fonction des gens que l'on a en face de nous. Par exemple un garçon de 16 ans, un enfant de 8 ans ou (c) Copyright Rock-Interviews.com quelqu'un de 30 ans, on peut comprendre ce qu'ils ont dans la tête puisqu'on a vécu ces moments-là. Mais par contre pour la personne qui est en face de vous, qui est plus jeune que vous, vous êtes un terrain inconnu, vous êtes un vieux. Vous pouvez vous teindre les cheveux, faire ce que vous voulez, vous êtes un vieux. A l'époque de Starshooter je pensais qu'à trente ans on était vieux et que 25 ans c'était trop vieux pour faire du rock. Donc voilà, cet album parle de tout cela mais posément. Il n'y a pas d'amertume, il n'y a pas de regrets, juste bien sentir ce qui se passe à ce moment-là, à cet âge et l'accepter et se l'avouer, c'est comme ça.

    AM : Tu fais un petit clin d'oeil à Jacques Brel dans cet album.

    Oui. C'est parce que j'ai écrit dans cet album une chanson qui s'appelle Jeune Con. Elle parle avec humour de tout ce que je viens de dire, et je me suis rappelé que Brel avait écrit une chanson sur le même sujet mais d'une manière beaucoup plus mélancolique. La particularité de cette chanson est que Brel l'avait enregistrée pour son dernier album et il ne l'a jamais chantée sur scène, et elle est sortie après sa mort, parce que cela faisait partie des chansons mises au rebut. Mais quel rebut ? Parce que c'est franchement une très bonne chanson.

    AM : C'est un très beau texte qui s'appelle Elégance.

    Avec élégance oui.



  17. Ce soir, à Lyon, nous avons la chance d'assister à une avant-première de ta nouvelle tournée.
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    Oui, la tournée va démarrer en octobre. J'ai voulu faire trois concerts symboliques avant cette tournée. A Paris évidemment pour la sortie de l'album. A Lyon, pourquoi Lyon ne serait pas plus important que Paris ? Je le sais médiatiquement parlant, mais dans mon coeur, c'est la même chose, et puis Berlin parce que c'est là que tout a commencé. Ce sont mes trois choix. Après j'ai des dates qui viennent pour cet été. Je vais au Kazakhstan après Berlin parce qu'on m'a proposé d'aller jouer là-bas, cela ne se refuse pas, et il y a des festivals mais je n'ai pas trop le temps cet été de faire des concerts.

    AM : Vas-tu retourner en Chine ?

    Non, je ne pense pas. J'adorerais, si on me rappelle pour aller en Chine, je rejouerais volontiers là-bas. C'est drôle parce que cela me fait cet effet, parfois on va dans un endroit où il s'est passé quelque chose d'incroyable et on se dit que si on y retourne, on va tout gâcher. C'est parfois la même chose quand on a fait des rencontres, qu'on va croiser des personnes en vacances, avec qui tout se passe bien et on se dit : Est-ce qu'on les rappelle en rentrant ?"

    AM : Ce soir tu joues avec Marc.

    Oui, je crois que je suis parti pour toute la tournée avec lui, j'en suis même certain. Marc est adorable et disponible.

    AM : Merci beaucoup pour ton temps Kent, bon concert pour ce soir et en route vers de nouvelles aventures !

    Exactement, c'est exactement ça !

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