Paul LEGER
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manche

Interview LES FATALS PICARDS
Vendredi 8 avril 2016
KAO Lyon

(c) Les Fatals Picards (c) Ninkasi
(c) Mediatone (c) Youtube
Medley au Ninkasi KAO


D'où vient le nom de votre groupe ?

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Jean-Marc : Nous sommes Fatals mais pas Picards.

Laurent : Le nom du groupe vient d'un vieux morceau intitulé I Live In Picardie, chanté avec l'accent picard. Un pote d'Ivan, notre ancien chanteur, nous a dit que c'était trop fatal le morceau en picard. Grâce à lui on avait donc trouvé le nom du groupe !

Jean-Marc : Les Fatals Picards, c'est une véritable escroquerie car aucun de nous quatre n'est picard.

Laurent : Sauf que depuis le redécoupage régional, en tant que lillois, je revendique l'appartenance à une région qui englobe la Picardie.

Jean-Marc : Moi, je revendique l'appartenance à un pays, qui englobe l'ancienne Picardie, mais toujours picard de coeur pour venir en coeur.

Laurent : Tu devrais peut-être aller chez le cardiologue.

Paul entre dans la loge...

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AM : Bienvenue Paul. Merci de te joindre à nous pour cette interview.

Laurent : Combien d'années d'existence pour les Fatals Picards ?

Paul : Merci. J'ai 28 ans !

Jean-Marc : Le groupe existe réellement depuis le début des années 2000, mais dans sa formation actuelle, depuis l'arrivée d'Yves et Paul, on peut dire depuis 2006.

Laurent : Pour ma part, cela fait depuis l'année 2000 que je fais des concerts avec d'autres musiciens que vous.

Jean-Marc : Pour moi, 2002.

Paul : Mon premier concert date de 93.

Laurent : Non de 2007 à Avranches.

Paul : 2004, oui à Avranches, le 9 décembre.

Jean-Marc : C'était il me semble un vendredi...Il pleuvait...

Paul : Non, il faisait beau.

Laurent : Il pleuvait sur Brest, dans le poème de Jacques Prévert, Barbara...

Jean-Marc : Il pleut toujours ailleurs...

Textes.

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AM : Un seul mot à développer...

Paul : En explication de texte.

Laurent : En traitement de texte. Oui cela nous arrive de nous en servir.

Paul : Si tu enlèves les "t" cela fait sexe.

Jean-Marc : Si tu ajoutes "con" cela fait contexte.

Paul : Et si tu ajoutes "sur" cela fait surtexte...Mais on préfère...

Tous entonnent la chanson de Françoise Hardy, écrite par Serge Gainsboug : Sous aucun prétexte je ne veux, devant toi surexposer mes yeux, derrière un kleenex, je saurais mieux, comment te dire adieu !

Laurent : Nous écrivons les textes tous ensemble. Parfois c'est moi, ou Paul, ou Jean-Marc ou Yves. Cela dépend des chansons.

Laurent : Les thématiques viennent d'un peu partout.

Jean-Marc : On les écrit toujours avec des mots.

Laurent : On met un point d'honneur à respecter cette langue française si malmenée par de nombreux artistes qui confondent souvent écriture et justement pas d'écriture.

Paul : Ecriture et manger un kebab.

Jean-Marc : On ne dénoncera personne, ni Maître Gims, ni Zaz...

Paul : Elle ne chante pas ses chansons, elle fait des reprises comme Padam d' Edith Piaf.

Jean-Marc : Elle chante en français.

Tous : Zaz, si tu écoutes nous n'avons rien contre toi.

Laurent : Nous nous sommes retrouvés autour d'influences textuelles communes comme Renaud, Brassens, Les Monty Python, les Nuls...

Jean-Marc : Qui savaient manier les mots.

Laurent : Donc d'abord une aventure textuelle puis musicale.

AM : Avec des chansons toujours décalées et humoristiques.

Paul : C'est le fil rouge de notre groupe.

Jean-Marc : l'ADN.

Clips.

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AM : Pourquoi ai-je choisi ce mot ?

Laurent : J'ai trouvé. Bernard Lavilliers. Il a joué le rôle de son sosie dans un de nos clips.

Paul : Oui, nous avons fait quelques clips, très peu diffusés, à part C'est l'Histoire d'une Meuf.

Laurent : Et celui de Bernard Lavilliers.

Jean-Marc : Notre clip Gros Con est passé à la télé.

Paul : Les clips ne sont pas assez regardés par rapport au coût de réalisation.

Jean-Marc : Ils ne sont pas diffusés pour nous. Les clips de rock ne passent pas à la télé. Mais on est quand même obligé d'en faire de plus en plus car Youtube, Dailymotion, etc. sont en train de prendre la place des télévisions et de plus en plus, les internautes iront chercher ce genre d'information plus qu'à la télé. C'est vrai de nos jours, pour les gamins qui vont voir et revoir plusieurs fois des clips de rap par exemple.

Laurent : On compte bien faire au moins un ou deux clips. On a fait une opération de Crowdfunding pour financer notre prochain album.

AM : Nous n'avons pas parlé également de votre clip Coming Out.

Paul : Oui il était bien. C'est pareil, par rapport à des vidéos débiles faites en cinq minutes chez soi, qui ont cinquante mille vues, deux heures après leur mise en ligne. On met toute son énergie pour faire un clip chiadé avec des bons moyens et le clip est visionné de la même façon, en un mois.

Jean-Marc : Coming Out, ce fut des jours de préparation. Il a coûté cher, il y avait beaucoup de personnes sur le tournage, Dave et Armande Altaï. Il est vraiment très chouette. Il a demandé beaucoup de préparation et c'est peut-être celui qui est le moins vu au final, parce que c'est le moins naturel par rapport à ce que l'on fait d'habitude.

Laurent : Alors que quand Paul met un noeud papillon et des grosses lunettes, c'est plus regardé.

Paul : Et que je fais des fautes de français comme Maître Gims, ça marche.

La Télé

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Paul : Sans rentrer dans les détails, l'essentiel des places artistiques à la télé sont déjà trustées.

Jean-Marc : Il n'y a plus d'émissions télés intéressantes pour nous. On a été invité dans l'émission de Dave, c'était plutôt sympathique de sa part. Nous n'irons pas chez Drucker. Les autres émissions de variété, comme Star Académie, il n'y a pas de raison que l'on y participe. Dans les émissions de plateau, ils ne reçoivent que des vedettes existantes, donc on ne sera pas chez Hanouna.

Laurent : Faut dire que c'est une émission débile.

Paul : Même s'il nous invitait, j'essayerais de lui répondre le plus gentiment possible que c'est vraiment ignoble ce qu'il fait et que j'aurais un vrai problème de conscience à m'afficher à côté de ce personnage complètement anti-médiatique.

Jean-Marc : Il y a d'autres émissions mieux faites.

Paul : Oui on parle toujours des vieux comme Maritie et Gilbert Carpentier.

Laurent : J'aurais bien aimé participer aux Dossiers de l'écran.

Paul : Nous avons fait une émission de télé qui s'appelait La Vie en Rock, diffusée sur l' Enorme TV, chaîne qui existe toujours. On a arrêté cette émission car il n'y avait pas d'argent et cela demandait énormément de travail. Faute de diffusion importante, personne ne la regardait. C'est un peu comme avec les clips. Encore une fois quand on fait une vidéo à la maison, on la met sur Facebook, il y a beaucoup plus de vues. Nous sommes passés à la télé avec l'Eurovision en 2007, avec le titre l'Amour à la Française. Comme c'était sponsorisé par France Télévisions, les présentateurs cons comme Nagui ont été obligés de nous inviter. (c) Copyright Rock-Interviews.com

Jean-Marc : En général, nous sommes invités dans Alcaline quand on sort un album, dans Télématin car Frédéric Zeitoun nous aime bien, mais on ne fera pas d'autres télés. Notre émission La Vie en Rock a été proposée à plusieurs chaînes. Certains frissonnaient d'envie mais d'autres ont dit non. Le rock à la télé, les comiques, le trash ce n'est pas possible.

Paul : Ils ont peur de nous inviter.

AM : Que pensez-vous d' Arte ?

Paul : Une équipe a failli filmer un de nos concerts.

Laurent : Nous sommes intellectuellement les plus proches d'Arte, mais quand même trop décalés pour eux.

Paul : Notre concept est très spécial.

Jean-Marc : A une époque, Virgin qui était un peu plus rock'n'roll, avait fait une captation de concert, mais maintenant ils ne passent que du Top 50.

Paul : Ce qui est dommage c'est que la télé est encore le plus gros media présent. L'inconscient collectif pense qu'un artiste existe, est connu qui s'il passe à la télé. Il y a même des gens qui nous demandent si on en vit car ils ne nous voient pas à la télé. Ils nous posent ce genre de questions, vous faites combien de concerts à l'année ? Une centaine ? Non ! Vous avez sorti combien de disques ? Huit disques. Non !

Jean-Marc : En première partie de qui ?

Paul : Voilà, nous sommes donc encore dans des phases où il faut passer à la télé pour être connu et reconnu. C'est donc pour nous un peu un frein. A l'heure actuelle on remplit toutes les grosses scènes musicales, mais malgré cela, en France, pays qui compte plus de 60 millions de personnes, il y a encore plein de gens qui ne connaissent pas encore les Fatals Picards. J'ai pour exemple une ancienne collègue, que j'ai retrouvé sur Facebook, qui ne connaissait pas notre groupe. Elle a écouté et m'a dit qu'elle adorait notre travail. Il y a donc potentiellement d'autres personnes qui seraient intéressées, et viendraient à nos concerts.

Laurent : On a fait 1 300 concerts en 15 ans, et nous n'avons jamais été contactés, même pour un début de proposition, pour participer aux Victoires de la Musique.

Paul : Les Wampas ont été contactés.

Jean-Marc : Les festivals, qui ne programment que les artistes qui passent à la télé, comme les Vieilles Charrues, Le Paleo, Les Francofolies, Le Printemps de Bourges, en 1 300 concerts des Fatals Picards, ne nous font même pas passer sur la scène moyenne à 14h00, car ils ne nous veulent pas.

Paul : Quand on leur demande pourquoi ils rigolent et nous disent, soyez sérieux les gars. Mais quand on joue à côté et que la salle est pleine, là ils disent qu'ils ne savaient pas ! Pourtant ce n'est pas difficile d'être au courant de nos jours, avec Internet.

Laurent : Voire même de lire les mails que nous envoyons depuis des années.

Paul : Par contre il ne faut pas que l'on soit dégoûté et que l'on se dise que tout cela est dégueulasse.

Albums.

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Paul : C'est notre huitième album studio. On a fait 2 live, un DVD. On ne vit pas de nos ventes de disques, mais un nouvel album permet de diversifier le spectacle et d'injecter de nouvelles chansons.

Arrive dans la loge, Yves, bassiste du groupe, qui se joint à nous.

La Tournée.

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Paul : C'est la mienne ! Je prends un mojito.

Yves : La tournée, c'est un peu notre vie parallèle. Il y a la vie à la maison avec la famille, les enfants, et puis celle de la tournée.

Paul : Qui n'est pas la vie la plus reposante.

Jean-Marc : On se voit autant que l'on voit notre famille.

Paul : Même plus.

Yves : C'est super. On voit du pays, on rencontre des personnes formidables, on rencontre aussi des cons...

Paul : Surtout ! Non je plaisante, on rencontre des gens bien.

Laurent : Personnellement je rencontre plus de cons quand je m'occupe de mes affaires administratives que quand nous sommes sur la route.

Jean-Marc : Et puis surtout on se fait des petits restos à midi, comme aujourd'hui le snack de l'autoroute.

Laurent : J'ai mangé une assiette de légumes. Les brocolis avaient le goût de poisson, les carottes, pour parents une paire de pneus. Et le mec qui a cuit le riz a réussi à ce qu'un grain sur deux soit dur.

Paul : J'ai acheté un paquet de chips à 4.20 euros. C'est le même que j'achète au Monoprix près de chez moi à 1.40 euros. En plus avec le visuel d'une station et l'odeur...Bref...La tournée c'est ce qui nous fait vivre, et nous sommes un groupe de scène, pour que le public rit et s'amuse. C'est cool de faire des concerts, même s'il y a beaucoup de kilomètres à parcourir, la fatigue, les soirées qui n'en finissent pas, les prostituées...Ah non ça je ne l'ai pas dit !

Jean-Marc : La drogue.

Paul : Le modélisme ferroviaire.

Jean-Marc : Qu'est-ce qu'on va construire ce soir ?

Paul : Le Viaduc de Millau.

Ce soir vous jouez au Kao à Lyon et le concert est...

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Yves : Complet.

Jean-Marc : Depuis longtemps.

Paul : C'est une petite salle de 580 places.

Jean-Marc : Il y aura d'ailleurs une nouvelle date en décembre.

AM : Oui le 1er décembre 2016.

Jean-Marc : Nous serons de retour à Lyon. Et notre nouvel album sera sorti depuis octobre.

Laurent : Nous jouons déjà des nouveaux morceaux.

AM : Vous viendrez le présenter et le vendre.

Jean-Marc : Oui, nous viendrons défendre cet album. On le défend d'ailleurs dès ce soir.

AM : Merci à tous pour le temps que vous nous avez consacré et bon concert.

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